MUSIQUE CLASSIQUE
Qui, mieux que Schubert, pourrait représenter le partage en musique : toute sa vie, le compositeur viennois plaça l’amitié et la convivialité au-dessus de tout, offrant sa musique visionnaire à l’assemblée des amis présents lors des célèbres schubertiades. Ce partage musical sera le centre de la soirée-concert, en chanson, en Valses et Galops, à l’écoute du grand répertoire, pour un moment privilégié en compagnie des musiciens de l’Orchestre national Auvergne Rhône-Alpes placés sous la conduite du violon solo Guillaume Chilemme.
En chanson tout d’abord, avec Jean Humenry auteur-compositeur-interprète français, principalement connu pour sa production musicale ciblée en direction du jeune public et plus généralement d’un auditoire familial. Une partie de son répertoire est constituée de chansons abordant des thèmes religieux (prières chrétiennes, témoignages, réflexions autour de la foi…) alors qu’une autre est plus généraliste et balaye les champs sociétaux et humanistes. Son style musical est issu des styles pop, blues et rock. La chanson qui sera interprétée ce soir par les élèves de l’école de Saint-Paul-des-Landes est l’une des plus célèbres de son répertoire. Mon bateau de papier nous dépeint avec des mots simples l’imaginaire du voyage :
De vagues bleues en vagues qui dansent
Tu es comme un point sur la mer immense
Reviens me chercher mon bateau de papier
Reviens me chercher je voudrais voyager.
Ce sont les élèves du conservatoire d’Aurillac qui se joindront ensuite à l’orchestre, pour une série de miniatures composées par Schubert. Habitué à surprendre ses amis par ses plus belles compositions de valses, Danses allemandes, Ländler et Ecossaises, il nous a légué plusieurs centaines de ses pièces destinées à être jouées pour un soir. Que ce soit à Graz, chez son ami Karl Pachler, ou bien à Vienne, chez Josef von Spaun, Schubert s’accorde à la musique festive de son temps, à la mode des Ländler, des Galops et Valses, et aussi à la folie des Ecossaises. Une dédicace de sa main sur l’Ecossaise D.511 nous révèle l’état d’esprit dans lequel il se trouve alors : « Passez au travers de tous les bonheurs et de tous les malheurs avec cette Ecossaise ! ».
Enfin, le moment d’écoute et de partage sera consacré à l’une des plus extraordinaires œuvres de musique de chambre de l’époque romantique : c’est au cours de l’été 1828 que Schubert, porté par l’élan de sa « Grande » symphonie, compose le Quintette en ut majeur avec deux violoncelles. La formation instrumentale comprenant deux violons, un alto et deux violoncelles est assez inhabituelle pour cette époque : Mozart ouvre la voie dans ses quintettes en doublant la voix d’alto, ce qui lui permet de donner un caractère plus symphonique à l’écriture. En faisant le choix de doubler la partie de violoncelle, Schubert a peut-être été inspiré par l’œuvre de Georges Onslow, mais il affirme surtout sa prédilection pour l’instrument, sa somptuosité, ses possibilités lyriques et son agilité dans le registre grave. Dans ce quintette, le second violoncelle a un rôle totalement indépendant du premier : tantôt à l’unisson pour souligner la sonorité vibrante, pleine de sombres accents, tantôt se mêlant aux autres instruments en contrepoint du premier violoncelle, il accentue l’atmosphère romantique troublante. Dans une œuvre par ailleurs caractérisée par une extrême dilatation du temps, l’introduction d’un second violoncelle a été pour Schubert le moyen de repousser encore plus loin les limites de l’expression musicale en atteignant une sorte d’idéal de fusion du lyrisme dans la musique de chambre.
Jean Humenry – Mon bateau de papier
Chant participatif avec l’école de Saint-Paul-des-Landes
Franz Schubert – Walzer und Galopp
– Ländler und Ecossaisen
Avec les élèves du Conservatoire d’Aurillac
Franz Schubert – Quintette à cordes pour deux violoncelles en ut majeur D. 956
Guillaume Chilemme : violon et direction